Nous, un groupe d’activistes des droits de l’homme et de la société civile, à l’intérieur et à l’extérieur du territoire syrien, lançons un appel urgent à toutes les organisations humanitaires à travers le monde afin d’attirer l’attention sur la tragédie en cours dans la région côtière syrienne, notamment à Tartous, Banias, Safita, Al-Dreikish, Al-Qadmus et Lattaquié, ainsi que dans les zones rurales sinistrées de Hama et de Homs. Ceci fait suite aux massacres survenus les 6, 7, 8 et 9 mars 2025, qui ont coûté la vie à des centaines de civils, y compris des enfants, des femmes, des personnes âgées et des hommes, majoritairement issus de la communauté alaouite. Le nombre exact de victimes reste incertain en raison de la présence de fosses communes, de personnes disparues et du déplacement de familles vers des villages voisins ou vers le Liban, où plus de 10 000 civils ont trouvé refuge. De plus, des milliers de personnes sont actuellement abritées sur la base aérienne militaire de Hmeimim à Lattaquié, où sont stationnées les forces russes, avec des estimations dépassant les 10 000 civils.
Selon le “Comité de Suivi des Droits de l’Homme et de l’Aide Humanitaire”, 2 100 civils ont été exécutés sommairement, et l’”Observatoire Syrien des Droits de l’Homme” a documenté 50 massacres au 17 mars 2025. Parmi les violations documentées figurent des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des déplacements forcés systématiques, des saisies de domiciles, des discours de haine, des insultes à caractère sectaire, des actes de torture, l’incendie de maisons et de terres agricoles, le vol de biens personnels (meubles, argent, or, téléphones portables, nourriture), le pillage de récoltes, la destruction de commerces et le vol de pressoirs à olives. Par ailleurs, les établissements éducatifs et de santé, y compris les hôpitaux, sont devenus inopérants, laissant la côte syrienne ainsi que les campagnes de Homs et Hama dans une situation de catastrophe humanitaire. Ces violations se poursuivent encore aujourd’hui.
En tant qu’activistes de la société civile et des droits de l’homme, agissant à travers des organisations de secours limitées, des associations locales agréées ou des initiatives individuelles, nous avons tenté d’unifier nos efforts et de coordonner les initiatives humanitaires pour aider les familles affectées. Cependant, l’ampleur de la crise dépasse largement nos capacités locales limitées, d’autant plus que la majorité des Syriens vivant à l’intérieur du pays sont sous le seuil de pauvreté, aggravée par les licenciements arbitraires massifs d’employés du secteur public.
Des milliers de maisons dans les campagnes de Lattaquié, Tartous, Banias et Hama ont été pillées et incendiées, notamment dans les villages ayant été le théâtre de massacres atroces. Ces communautés ont un besoin urgent d’une intervention humanitaire organisée, durable et à grande échelle. Nous reconnaissons profondément et apprécions les efforts et le soutien considérables apportés par les Nations Unies au peuple syrien au cours des dernières années, et nous sommes convaincus de votre engagement continu à venir en aide aux populations en détresse. C’est pourquoi nous vous appelons à :
- Déclarer la côte syrienne ainsi que les zones rurales de Homs et Hama comme zones de catastrophe humanitaire.
- Veiller à ce que les Nations Unies mettent en œuvre une intervention humanitaire soutenue et à grande échelle dans ces régions.
- S’assurer que l’intervention inclut des mesures de protection, de reconstruction, de réhabilitation et des programmes de soutien à long terme.
- Coordonner avec la société civile et impliquer les associations locales dans les zones sinistrées pour travailler ensemble, unifier les efforts et mutualiser les ressources en vue d’une réponse coordonnée et globale, car les entités locales sont connues et dignes de confiance aux yeux des populations affectées et des familles des victimes.
- Mettre en place des comités communautaires dans les villages et zones touchés, composés de personnalités locales de confiance, pour contribuer au suivi, à l’évaluation, à la réponse et à la supervision.
- Dépêcher une commission d’enquête internationale indépendante pour enquêter sur toutes les violations ayant eu lieu dans les zones affectées.
- Envoyer des comités internationaux de surveillance afin de prévenir de nouvelles violations et de mettre fin à l’effusion de sang en Syrie.
Nous espérons une réponse rapide à ces revendications légitimes pour faire face à la catastrophe qui frappe les civils dans la région côtière syrienne.
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